Prix Antoine-Grégoire – Appel de candidatures 2023
Le Prix Antoine-Grégoire est un Prix Hommage en l’honneur du fondateur de l’ATUQ. M. Grégoire a été, entre autres, directeur général de la Société de transport de l’Outaouais de 1980 à 1995. Il a été sacré Grand citoyen de Gatineau en 2006. Il est décédé en 2010 à l’âge de 85 ans.
Le prix qui porte son nom est remis annuellement par l’ATUQ à une personne œuvrant ou ayant œuvré au cours de sa carrière, pendant une période significative, dans le domaine du transport collectif au Québec, soit au sein d’un organisme de transport, d’un organisme connexe, ou qui a contribué de façon appréciable à l’évolution de la mobilité urbaine et/ou à sa promotion.
Pour toute question ou pour soumettre une candidature, veuillez communiquer avec l’équipe du colloque au colloque@atuq.com.
Récipiendaires 2022
Monsieur Benoît Robert

Voir l’allocution de M. Benoît Robert lors de la remise du Prix Antoine-Grégoire
Avec sa vision de l’environnement bien ancrée dans la réalité économique, Benoît Robert (Aménagement du territoire 2006) a réussi une première en Amérique du Nord: rentabiliser un service de partage d’autos. Il a positionné l’automobile, haut symbole de pollution, comme une solution économique et écologique aux problèmes que pose le recours incessant à l’automobile personnelle dans les grandes villes. Tout en créant une nouvelle niche dans l’univers du transport urbain, il a poursuivi des études de deuxième cycle à l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional de l’Université Laval. Une analyse critique de son entreprise innovatrice lui a permis d’obtenir son diplôme de maîtrise. En 2007, moins de 15 ans après sa création, Communauto était au nombre des 20 entreprises québécoises ayant connu la plus forte croissance.
Benoît Robert a beau être pro-vélo et pro-piéton, il lui faut un véhicule pour faire de la randonnée pédestre, du canot-camping ou du ski de fond. C’est ce qui l’amène à explorer l’idée du partage d’autos, un service de location qui rendrait des automobiles disponibles 24 heures sur 24, pour de courtes périodes. Avec cette idée en tête, il entreprend en 1994 des études de maîtrise à l’Université Laval, sous la direction de Martin Lee-Gosselin. Ce professeur de l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional reconnaît en lui, avec ravissement, «un esprit intégrateur exceptionnel . L’étudiant cherche un angle d’attaque pour son projet de maîtrise et constate que, au cours des dernières décennies, presque toutes les tentatives d’autopartage en Europe et aux États-Unis ont échoué. Mais un projet allemand retient son attention. Il se met à l’étude de la langue et parle ainsi directement aux spécialistes de Berlin, suscitant au passage l’admiration accrue de son directeur de maîtrise.
En 1994, il lance une coopérative à Québec et, bientôt, une quinzaine de personnes se partagent trois véhicules. En plus de sa conjointe de l’époque, il s’associe avec Claire Morissette, écologiste reconnue dans le monde du vélo et fondatrice de Vélo Nord-Sud. Cette caution morale permet d’étouffer les critiques dans l’œuf. «Il n’était pas facile pour tous de concilier le monde de l’automobile avec celui de l’environnement. Pour certains écologistes purs et durs, nous flirtions avec le diable!» Les arguments environnementaux en faveur du partage d’autos sont pourtant légion: réduction du nombre de véhicules circulant en ville, économie de l’énergie nécessaire à la fabrication d’une auto, incitation à utiliser l’automobile de façon rationnelle et en complément de modes de transport plus écolo (bus, vélo et marche), etc. Après un certain temps, la coop se transforme en entreprise traditionnelle, dont Benoît Robert devient l’unique propriétaire. «J’ai réalisé que les membres utilisaient les voitures comme un service et qu’ils ne s’impliqueraient pas dans leur coop.»
Communauto dessert aujourd’hui quelque 15 000 usagers à partir de 250 points de services à Montréal, Québec, Sherbrooke et Gatineau. Près de 80% de la flotte de 750 automobiles se trouve dans la métropole. Entre 2001 et 2006, le taux de croissance de l’entreprise a été de 332%: de quoi confondre les sceptiques. L’enthousiasme de Benoît Robert est toujours palpable. Il raconte avec plaisir son implication à tous les niveaux de l’entreprise: il écrit même les textes de son site Internet. Les curieux y noteront l’influence de ce diplômé universitaire dans les sections qui offrent de précieuses références sur l’histoire et sur l’évolution du concept de partage d’autos.
Les défis qui se posent à l’entreprise sont nombreux. «Il a fallu 11 ans, jusqu’en 2005, pour conclure une première entente avec une société de transport au Québec afin d’instaurer un tarification conjointe autobus-autopartage. Un tel partenariat existait pourtant à Berlin depuis 1992!» Changer les mentalités prend du temps, mais c’est possible. «Aujourd’hui, constate-t-il, Communauto fait partie du décor.»
Démonstration éloquente de la justesse de vue de Benoît Robert: l’augmentation dramatique des prix du pétrole. Ce qui lui crée certains problèmes au passage. «Comme nous devons fixer les prix de location à l’avance, les fluctuations sont très difficiles à gérer.» Mais la situation a certainement un impact positif, car l’entreprise grossit rapidement à l’heure actuelle. «Notre gros défi est de gérer la croissance. Nous devons recruter des employés compétents et les retenir, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. Nous avons besoin de gens d’expérience et les têtes grises sont les bienvenues. Je dois m’entourer de personnes qui ont le talent et le goût de s’impliquer.»
Liste des récipiendaires précédents:
2007 Jean-Marc Rousseau
2008 Benoît Robert
2009 Claude Martin
2010 Liguori Hinse
2011 Florence Junca-Adenot
2012 Normand Carrier et Pierre Giard
2013 Yves Devin
2014 Pierre Rocray
2015 France Dompierre
2016 Michael Roschlau
2017 Robert Chapleau et Huguette Dallaire
2018 Marie Turcotte
2019 Catherine Morency
2020 François Pepin et Trajectoire Québec
2021 Georges O. Gratton
2022 Benoît Robert
Récipiendaires 2021
Monsieur Georges O. Gratton

Ingénieur, retraité de la Société de transport de l’Outaouais (STO), Georges Gratton y a assumé la fonction de directeur général de 1995 à 2006. Sa compréhension de l’industrie, sa vision, son esprit d’innovation et son leadership auront permis le regroupement de forces vives des équipes et du milieu pour offrir un service de qualité supérieure à l’ensemble de la communauté de l’Outaouais au cours de cette décennie. M. Gratton a su faire prendre le virage technologique à la STO et, par la suite, en tant que gestionnaire des transports publics respecté, il a su faire profiter de son expérience d’autres sociétés de transports comme la STM et le RTC à titre d’expert conseil.
C’est en 1972 qu’il a débuté sa carrière en transport à la STCUM à titre d’analyste, de chef, puis de surintendant en génie industriel au sein de la direction d’Exploitation par des travaux d’analyse, de recherche, de développement et d’applications dans les différentes sphères du génie industriel. Les méthodes de travail, les aménagements, les habiletés de formation, et la sécurité du métro ont été ses divers secteurs de travail. En particulier Georges a été affecté au développement, à l’organisation, et au contrôle des opérations de transport lors des Jeux olympiques de 1976.
Devenu directeur en planification et développement à la Société de transport de Laval (STL) en 1977, il a pris en main le développement des techniques de planification des réseaux et des infrastructures. En partenariat avec le COTREM, la ville de Laval et les sociétés de transport de la région, il a développé et réalisé les premières voies réservées à Laval, la conception de terminus dont le terminus régional Laval à Ahuntsic, et avec ces partenaires, il a contribué à l’élaboration d’un système tarifaire régional pour la région métropolitaine de Montréal.

En 1995, de retour en transport en commun à titre de directeur général de la STO, il a accepté la mission d’assurer la mise en place du Plan intégré des transports de personnes et de marchandises en Outaouais.
C’est avec la collaboration d’un personnel dévoué, mobilisé, et d’un conseil d’administration dédié à la cause du transport en commun – dans un esprit de développement durable pour la région – qu’il a introduit de nouvelles méthodes, approches, techniques et stratégies qui auront permis d’accroitre la part de marché du transport collectif de 15 à 25% en dix ans. Une hausse remarquable qui est tout à son honneur.
Les systèmes de paiement (puce sans contact), les voies réservées, les mesures prioritaires, les Parc-o-bus, les mesures de SAEIV, les STI, les véhicules hybrides, le développement de marché, et le Rapibus auront été les principaux projets réalisés à la STO sous la gouverne de Georges Gratton. C’est par l’implication des employés et le développement de partenariats avec les organismes et institutions de l’Outaouais qu’il a amené la STO à contribuer aux activités communautaires de la région et au développement d’une vision de transport durable.
M. Gratton a été très actif au sein de l’ATUQ et de l’AQTR, y occupant plusieurs postes. Par ailleurs, au fil de sa carrière, il a reçu plusieurs prix et distinctions, dont ceux-ci :
- Dirigeant de l’année, secteur parapublic, RGA, Ottawa, 2002
- Prix d’excellence de l’ACTU, 2006
- Prix d’excellence de l’ATC, 2008
- Prix Josef-Hode Keiser de l’AQTR, 2009
Aujourd’hui, M. Gratton demeure un leader reconnu dont les conseils sont avisés, réfléchis. Il a certes ralenti le rythme mais est toujours à l’affût et suis avec un intérêt soutenu l’évolution de la mobilité urbaine ici comme à l’extérieur du Québec. Félicitations pour cet honneur amplement mérité!